Article publié le 2016-05-05 par Alexandre Korbéogo Dossier
Djibouti : Petite par la taille mais grande par l’économie [04-2016]
Vue sattelite de Djibouti © NASA

La République de Djibouti, le plus petit pays d’Afrique (23 200 km2), demeure une référence en matière de gestion de sa croissance économique. Avec une croissance de plus de 6% en 2015, Djibouti espère faire mieux en 2016.

La santé de l’économie de la République de Djibouti est due à 4 secteurs : le flux des investissements directs étrangers (IDE), le transit croissant de marchandises à destination de l’Éthiopie, le développement de l’activité portuaire et celui du secteur des télécommunications. Pays classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, Djibouti est un exemple de développement à part entière en Afrique. Situé dans la corne de l’Afrique, sa position stratégique avec son ouverture maritime est propice au développement des activités commerciales. Des secteurs d’activités moins prépondérants dans l’économie djiboutienne tels que les télécommunications, la construction et le tourisme poursuivent leur développement de manière soutenue. Situé au carrefour de corridors maritimes importants pour le commerce de marchandises et de pétrole, Djibouti souhaite se positionner comme une plate-forme de services commerciaux, logistiques et financiers pour la région du golfe d’Aden. À cette fin, les autorités ont amorcé un programme d’investissement représentant près de 4.3 milliards de dollars US. En 2012, des financements ont été mobilisés pour la construction de nouvelles infrastructures portuaires dédiées à l’exportation de sel et de potasse. Elles ont été opérationnelles respectivement en 2013 et 2014. Ces investissements, auxquels s’est ajouté l’afflux des IDE reportés depuis le début de la crise financière, ont soutenu la dynamique de croissance économique du pays depuis 2014. Les autorités travaillent en outre à l’élaboration d’une stratégie de développement à long terme intitulée Vision 2035. Un travail de réflexion sur les potentialités de développement a aussi été entrepris. L’objectif est d’identifier des secteurs porteurs qui permettront de diversifier les sources de croissance de l’économie djiboutienne et de créer des emplois. Les autorités ont achevé en mai 2012 le programme de la facilité élargie de crédit (FEC) entrepris avec le Fonds monétaire international (FMI) en septembre 2008. La performance du pays pendant le programme a été globalement satisfaisante avec la mise en place d’importantes réformes structurelles relatives à la gestion des finances publiques et du secteur financier. Un nouveau programme a été défini avec le FMI au cours du premier semestre 2013.

Vision Djibouti 2035 : Planification du développement mieux maîtrisé

Dans son mot libellé dans le document intitulé « Vision Djibouti 2035 », le Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, est optimiste sur les capacités de son pays à être parmi les meilleurs d’Afrique : « notre pays a besoin d’avoir les ressorts d’une planification du développement mieux maîtrisés, moins soumis aux chocs internes et externes. Une croissance plus accélérée et durable est nécessaire pour résoudre les problèmes sociaux et engendrer une transformation structurelle de l’économie, pour la rendre plus diversifiée et plus compétitive, avec un rôle accru du secteur privé. Tout ceci doit être accompagné par une Administration publique aux capacités renforcées et productives ». Le premier pas pour la modernisation de l’économie commence par une administration publique forte. Cette force de l’administration publique permettra d’assainir et de donner un visage plus reluisant à l’économie djiboutienne. En matière de Finances publiques, les efforts de réformes ont permis d’assainir la situation de déséquilibres financiers structurels des années 1990 à travers une mobilisation plus accrue des recettes budgétaires et un accompagnement plus soutenu des bailleurs de fonds. Ainsi, d’un niveau de moins de 30 milliards de FDJ à la fin des années 1990, les recettes budgétaires et les dépenses sont passées respectivement d’un niveau de 28,751 milliards de FDJ à 71,07 milliards de FDJ et de 29,829 milliards de FDJ à 72,141 milliards de FDJ. Globalement, les recettes ont augmenté de 147,2% et les dépenses de 141,8%.

Le port, un maillon très important

Le port de Djibouti opère depuis 1892. Le port a connu un regain d'activité en 1998 lors de la guerre entre l'Éthiopie et l'Érythrée. Depuis l'indépendance de cette dernière, l'Éthiopie n'a plus de débouché maritime et utilisait le port érythréen d'Assab. Avec le déclenchement des hostilités, tout le trafic s'est reporté vers le port de Djibouti, le trafic éthiopien assure encore aujourd'hui 80 % de l'activité du port. La croissance du port de Djibouti a aussi été permise par d'importants investissements provenant des Émirats arabes unis, Dubai Ports World (DPW), troisième opérateur portuaire mondial, a obtenu la gestion du port depuis 2000.

Djibouti a entrepris la construction d'un second port. Le port de Doralé, plus perfectionné, permettra d'effectuer des opérations plus complexes et s'accompagnera d'une zone franche de 20 hectares, pour un investissement de 400 millions de dollars US. Avec l'élaboration de la zone franche, le pays espère attirer des investisseurs étrangers. En 2003, après l'installation de la base américaine, DPW y a construit un grand terminal pétrolier pour 153 millions de dollars qui est entré en service en 2006. Un terminal à conteneurs doit ouvrir à la fin 2008 pour un coût de 427 millions de dollars avec l'aide de DPW. C'est sur cette zone franche de Doralé que l'USAID stocke ses aides alimentaires d'urgence pour l'Afrique.

En 2007, le volume de marchandise traité par le port de Djibouti a été de 7,4 millions de tonnes, 36% de plus qu'en 2006. Le gouvernement djiboutien cherche à en faire la plaque tournante pour les dix-neuf pays du marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) et compte pour cela sur la construction d'une voie ferrée entre Addis-Abeba, en Éthiopie, et le nord du Kenya qui permettrait alors de relier par chemin de fer Djibouti jusqu'au Mozambique.

Sur la bonne voie

Avec la stratégie Vision Djibouti 2035, le pays est sur la bonne voie du développement économique et social. Comme le précise le document, Djibouti 2035 ne doit pas être un vœu pieux. Pour ce faire, la mobilisation des ressources humaines et financières, et l’engagement au quotidien du politique doivent être le témoignage implacable du véritable changement de paradigme de développement pour le pays. Par ailleurs, le document de la vision doit également constituer le phare qui éclaire et oriente les politiques nationales et sectorielles de développement.